Impressions en retour I

 

Comme je l’avais annoncé dans la première lettre, je donne quelques impressions en retour sur le parcours déjà entrepris. Merci à tous ceux qui m’ont fait parvenir quelque chose !

 

Visiblement le cours a bien débuté dans plusieurs monastères.

Notre noviciat a eu, en commun avec celui de Wurmsbach, la semaine dernière une journée d’études sur le premier livre du De consideratione. Il y eut d’autres réactions tout à fait informelles au cours de récréations et dans le courrier avec quelques sœurs.

 

Voici une petite sélection :

 

Quelques formulations profondes pour réfléchir et pour composer des sentences :

·        « Envers qui est-il bon, celui qui est méchant contre lui-même ? »

·        « Si tu es étranger à toi-même, à qui n’es-tu pas étranger ? »

·        « Seul un cœur endurci peut faire en sorte qu’il n’ait pas peur de lui-même, parce qu’il ne se perçoit plus soi-même. »

·        « Qu’est-ce que la piété ? C’est être libre pour la méditation ! »

 

Quelques jeux de mots

·        « Ce serait plus astucieux de te détacher de tes occupations de temps en temps, plutôt que de te faire arracher par elles. »

·        « Par quoi dois-je commencer ? Peut-être par tes occupations car c’est sur ce point que j’ai pour toi le plus de compassion. Je dis « compassion » ; cela suppose que toi aussi tu pâtis. »

·        « Quel beau geste te semble plus sublime : le pardon des péchés ou le partage de leurs motifs ? »  (à continuer à volonté !)  

 

 

Qu’est-ce que le cœur endurci ?

« Il ressemble à un instrument qui ne résonne plus, qui est devenu muet comme une caisse de violon fêlée. »

 

Comment trouver le temps pour la méditation ?

Petite histoire à la récréation du soir de Mariastern à la cuisine :

Une sœur se plaint qu’elle aimerait lire le De consideratione, mais qu’elle ne trouve pas le temps. « Saint Bernard en effet ne dit pas comment s’organiser pour avoir le temps nécessaire ! » Une autre sœur : « Si, il le dit : ‘tu gagneras une mesure considérable de temps libre pour la méditation, si tu ne prêtes absolument pas l’oreille à maintes affaires, si tu en délègues quelques-unes à d’autres et si tu expédies celles qui te semblent dignes de ton attention avec une brièveté consciente et adaptée.’ » Cela ne pourrait-il pas figurer également dans un livre moderne pour patrons ? (Remarque : et quelles sont les requêtes importantes pour saint Bernard ? Celles de la veuve, du pauvre et de celui qui ne peut faire aucun don…)

 

L’image de saint Bernard dans le premier livre du  De consideratione

Plusieurs lecteurs et lectrices s’étonnent de la vitalité naturelle de saint Bernard, de sa sensibilité dans sa relation avec Eugène, avec toutes les chances et tous les dangers qu’elle implique…, sa compréhension dans les situations complexes de la vie humaine, que l’on ne peut pas toujours faire ce qui en soi serait le meilleur, mais que l’on doive faire des compromis, sa clarté dans ses exigences, associée à la souplesse dans la pratique…

 

Plusieurs ont été frappés par le grand rôle des citations de l’Ecriture, pour bien clarifier un passage.

 

A propos du mot  consideratio :

Il semble difficile de le rendre par un seul mot moderne, parce qu’il recouvre beaucoup de choses à « considérer. »

Impulsion pour la réflexion : Aujourd’hui la « prière de l’attention d’amour », provenant de la spiritualité ignatienne, est très connue et d’une grande aide pour beaucoup. Quel rapport la « considération » de saint Bernard a-t-elle avec cette forme de prière ? Quelles sont les ressemblances ? Y-a-t-il des différences de contenu ? Ou bien saint Bernard a-t-il « découvert » cette manière de prier  quatre siècles avant saint Ignace ?

 

Comme impression personnelle en retour, je voudrais encore dire que la préparation m’est un véritable enrichissement. Je ne me suis jamais tant confrontée autrement à cette œuvre. Je remercie également pour tous les échanges stimulants.