Instructions pour la lecture du troisième livre

(p. 69-91)

Le troisième livre traite le domaine sub te, au-dessous de toi, ce qui est soumis au Pape. Après avoir médité sur lui-même, le Pape doit se tourner maintenant vers ses devoirs dans l’Eglise. Bernard utilise cette circonstance pour faire quelques remarques fondamentales sur la situation de l’Eglise et du monde, tels qu’il les voit. Dans ce contexte il est très important de noter que Bernard ne parle pas ici seulement pour le Pape personnellement. Il le signale expressément au paragraphe 13. Sinon il serait possible de penser qu’il « passe un savon » au pauvre pape et que celui-ci serait l’objet de critique, s’il méritait de tels reproches… Bien au contraire dans ce livre il est possible de recueillir quelques précieux aspects sur la personnalité du pape Eugène, au sujet duquel nous ne saurions autrement pas grand chose. Là encore se révèle à nouveau l’art littéraire de Bernard, la manière magistrale dont il use de tous les registres de la critique sévère aux paroles de louange, des descriptions drôles aux remarques malicieuses, afin de rendre son argumentation intéressante et plaisante.

 

Sur de nombreux points le troisième livre est pour nous moins actuel de par son contenu, car la situation de l’Eglise et du monde a fondamentalement évolué depuis l’époque de Bernard. Je crois cependant que quelques-uns des principes posés par Bernard sont encore aujourd’hui susceptibles de nous faire réfléchir. Je vous donne donc ce conseil : s’il vous plait, ne passez pas trop vite au-dessus de ce livre ; il est, me semble-t-il, plus facile et plus coulant que les deux précédents, vraiment intéressant à cause de nombreux exemples et même parfois portant à sourire…

La structure de ce troisième livre est, comparée à celle des premier et deuxième livres, simple et claire :

1)      Au début est défini ce qu’est le domaine qui est « au-dessous de toi » et comment cette « subordination » est envisagée.

2)      Ensuite Bernard en vient à parler de quelques questions très actuelles de l’époque, dans lesquelles il voit des abus : les appels et les exemptions.

3)      Enfin il pose la question que doit se poser tout professeur ou éducateur : Que puis-je faire pour que mon enseignement soit entendu et suivi ? Sinon il ne sera pas cru lui-même et son action sans effet…

 

 

1) Chapitre : Le domaine qui est  au-dessous de toi… (III, 1-2, 2e§, les grands apôtres. ; p. 69-71) et chapitre : Ton devoir, c’est de reprendre les hérétiques… (III, 2, 3e§, Rappelle-toi…-5 ; p. 71-74)

 

Ces deux chapitres forment une unité, également par leur contenu. Bernard y invite à la « considération » de tout ce qui appartient au domaine soumis au Pape.

 

Comme toujours Bernard présente ses pensées d’une manière réfléchie et originale.

Je vous invite à vous plonger dans ses réflexions aux paragraphes 1 et 2 :

·        Quel est le message fondamental de Bernard ? Est-il lié à son époque ou intemporel ?

·        Quelles pensées peut-être abordées seulement en passant méritent qu’on s’y attarde ?

·        Comment l’art stylistique de Bernard se révèle-t-il dans ce passage ?

 

Les paragraphes 3-5 sont comme une méditation détaillée de la parole de saint Paul en Rm 1, 14 : « Je suis le débiteur de ceux qui savent et de ceux qui ne savent pas. » Il est intéressant que Bernard saisisse justement cette parole de l’Ecriture pour désigner la relation du Pape avec le domaine qui lui est soumis. Il aurait été peut-être plus concevable de faire allusion au titre désormais courant du Pape depuis Grégoire le Grand  servus servorum Dei, serviteur des serviteurs de Dieu.

Bernard désigne donc la relation du Pape à ses subordonnés comme celle d’un débiteur, ce qui est extrêmement inhabituel encore pour nous aujourd’hui, sûrement scandaleux autrefois pour maintes oreilles. Cela vaut la peine de méditer là-dessus et de dialoguer avec Bernard !

Ensuite les autres mots-clés de cette phrase :  ceux qui savent et ceux qui ne savent pas. Qui sont, selon vous, ceux qui savent et ceux qui ne savent pas ? Notez, s’il vous plait, votre réponse et vérifiez au cours de la suite de la lecture jusqu’à la fin du paragraphe 5 si vous êtes d’accord avec Bernard. Peut-être serez-vous surpris !

 

Le long jeu de mot avec «…verti[r] » qui introduit le paragraphe 3 mérite également attention. L’auteur résume ici dans une phrase générale les devoirs étendus de la charge papale. L’ordre est intéressant. Exprime-t-il bien les priorités ?

 

La suite de l’argumentation des paragraphes 3 et 4 concerne la relation du Pape avec les Juifs et les païens, avec les hérétiques et les séducteurs, tels que Bernard les voit. J’y ai déjà fait allusion dans la présentation de la relation de Bernard avec les croisades. Nous ne pouvons sûrement plus aujourd’hui parler sur ce sujet avec les paroles de Bernard. Il est cependant intéressant d’y consacrer un petit moment.

·        Selon vous, où la pensée de Bernard est-elle liée à son époque ?

·        Sur quel point exprime-t-il des souhaits non liés à son temps ?

·        Comment les formuleriez-vous aujourd’hui ?

 

Oui, et ensuite vient le surprenant paragraphe 5. Il m’a beaucoup touchée au cours de la lecture et de la méditation. Est-il encore valable pour le XXIe siècle, et également pour nous personnellement, au moins ici et là ? …

 

Pour conclure, je voudrais revenir sur la remarque que j’ai faite au début des paragraphes 3-5. Bernard a choisi une citation inhabituelle, souvent méconnue pour décrire le service du Pape. «Je suis le débiteur de ceux qui savent et de ceux qui ne savent pas. » Ce n’est qu’en méditant ce chapitre que j’ai pris moi-même conscience pourquoi il fait cela, pourquoi chaque mot de la phrase est important et contient une nuance qu’il ne pouvait pas trouver de la même manière dans d’autres paroles de l’Ecriture. Cela vous est-il arrivé à vous aussi ?

 

 

2a) Les appels en justice et leur abus (III, 6-12, 2e§, toutes les manières ; p. 74-80)

Dans l’Introduction générale au De consideratione j’ai indiqué que lors de la première moitié du XIIe siècle la Curie romaine avait vécu un grand aménagement et un élan important. Elle devint alors une autorité administrative indispensable à la gestion d’une Eglise mondiale. De même le prestige moral de la Papauté avait augmenté grâce à la réforme grégorienne. Ces deux facteurs contribuèrent ensemble à une évolution qui, comme toujours, eut des effets positifs et négatifs...

 

C’est d’ailleurs aussi ce que voit Bernard. Il juge indispensable l’afflux des appels en justice qui se produit, mais il se plaint de leurs abus…

Ce chapitre est davantage pratique et orienté sur la politique de l’Eglise, mais si vous voulez également de telles questions, je vous invite à réfléchir :

·        Selon vous, les critiques de Bernard sont-elles justifiées ?

·        Où se trouve selon sa pensée le noyau du problème, le « hic » ?

·        Pouvez-vous approuver ses propositions de correction ?

·        Formulez, d’après les pensées de Bernard ou suivant vos propres réflexions, des principes qui pourraient s’opposer à l’abus des appels.

 

Faites attention, s’il vous plait, également dans ce chapitre sans lien direct avec l’Ecriture Sainte aux exemples bibliques auxquels Bernard fait très discrètement allusion : Le nettoyage du Temple (8), le repas de noces (11)… De cette manière Bernard fait apparaître, à l’arrière-plan, des illustrations qui pourraient donner au lecteur une information sur l’objet de sa critique !

 

Les exemples concrets me semblent également très parlants, oui il y en a vraiment de toutes sortes…

 

2b) La cupidité (III, 12, 3e§, Je pourrais…- 13 ; p. 80-82)

Entre les passages sur les appels en justice et l’exemption, Bernard introduit un passage, qui est pour lui très important à partir de ses réflexions de principe et ses expériences douloureuses, mais qui est le « noyau » de tout le problème de Rome à ce moment-là, selon lui : il s’agit de la cupidité de beaucoup de collaborateurs de la Curie romaine. Eugène lui-même n’est cependant pas concerné selon Bernard. Bernard donne ici à nouveau un petit chef d’œuvres de son art oratoire : accusation, ironie, mêlées à des détails amusants, à l’humour. Il réussit ainsi à faire d’une âpre critique une lecture convaincante. Il est également intéressant de voir soulignés des traits de la personnalité d’Eugène. Nous le célébrons, il est vrai, chaque année à l’Office. Les paroles de Bernard nous aideront peut-être à donner une image plus précise.

 

Dans ce passage je voudrais traiter de l’un des exemples auxquels Bernard fait allusion au paragraphe 13 (au bas de la page 81) : « Que dire de cet insulaire, accourant presque des confins de ce monde, traversant terre et mer pour venir acheter une seconde fois à Rome, de ses propres deniers et de ceux d’autrui, un titre d’évêque qu’il avait déjà, une première fois acquis par son or ! » Il s’agit ici de la douloureuse histoire de l’archevêque Guillaume Fitzherbert de York. Elle n’est non seulement importante pour les biographies de Bernard  et d’Aelred, mais encore elle révèle d’une manière particulièrement claire toute la problématique des procédés d’appel.

Si vous voulez vous y intéresser plus précisément, lisez, s’il vous plait, la Lettre 235. Je résume ici brièvement le développement de l’affaire :

Guillaume fut élu en 1141 archevêque par la majorité du chapitre de la cathédrale d’York. Cependant une minorité s’y opposa très violemment et affirma que le candidat, neveu du roi d’Angleterre, avait été élu à la suite de la pression royale sur le doyen du chapitre. Une intervention extérieure dans les affaires d’Eglise passait alors pour l’un des crimes les plus graves d’après les principes de la réforme grégorienne ! Une délégation se constitua, à laquelle appartenaient des Cisterciens, parmi eux le jeune moine Aelred de Rievaulx, suivant Walter Daniel. D’après lui, c’est au cours de ce voyage qu’Aelred serait passé par Clairvaux et aurait fait la connaissance de Bernard. Il y aurait reçu à ce moment-là par oral la mission d’écrire le Speculum caritatis, le Miroir de la charité. Apparemment les Cisterciens auraient réussi a posteriori à convaincre l’abbé de Clairvaux de la légitimité de leur intention. Ils durent transmettre leur protestation à Rome. Le pape Innocent trancha avec justice : comme la délégation n’avait pas de preuves solides, l’accusé devait se rendre à Rome l’année suivante avec ses partisans pour s’expliquer. Les plaignants devaient à nouveau fournir des preuves sérieuses. Ils n’y réussirent pas et le témoin principal à charge, le doyen d’York, ne parut pas à Rome. Le pape Innocent II transmit par la suite le cas au légat pontifical en Angleterre, Henri de Blois, dont le neveu était toutefois encore Guillaume Fitzherbert. Ce légat fit en septembre 1143  un procès auquel le doyen du chapitre fut de nouveau absent (par hasard ?) et ne put être atteint. Guillaume Fitzherbert et ses partisans confirmèrent par serment, qu’il n’y avait aucune intervention extérieure. Le légat installa ensuite Guillaume Fitzherbert dans sa charge. Le calme vint jusqu’à ce que le nouvel archevêque se rendit à Rome après l’élection d’Eugène III pour y recevoir le pallium. Bernard, renseigné sur l’affaire par les Cisterciens d’Angleterre, exploita cette occasion. Il avait déjà signalé dans sa première lettre après l’élection d’Eugène III la blessure de cette élection épiscopale discutée (Lettre 238,5) Eugène se trouva alors dans une position difficile : les cardinaux de curie tenaient la plupart pour Guillaume Fitzherbert, Bernard de son côté combattait contre ce prélat avec tout l’engagement de sa forte personnalité. A qui devait-il donner raison ? Eugène trancha correctement, sans se faire monopoliser par l’un des deux partis. Le témoignage toujours non encore exprimé du doyen devait être recherché. Suivant l’explication de Bernard dans la Lettre 240, le doyen affirma que l’élection avait été illégitime, ce qui entraîna la déposition de Guillaume en 1147 par le pape Eugène III. Il était possible de croire que le cas était alors réglé. Tel ne fut pas le cas. Après la mort de l’évêque cistercien, successeur de Guillaume, Guillaume fut élu en effet légitimement pour lui succéder. Même les Cisterciens furent alors pour lui. Malheureusement Guillaume ne put exercer longtemps sa charge car il mourut le 8 juin 1154, moins d’un an après le début de  son service, sans doute empoisonné par un adversaire acharné. La fin de l’histoire est étonnante. Puisqu’il eut par sa mort la réputation d’un martyr et que de nombreuses guérisons miraculeuses se produisirent sur sa tombe, il fut canonisé en 1226 à la demande des abbés cisterciens de Fountains et de Rievaulx. Par ailleurs les historiens ne savent pas encore aujourd’hui avec certitude, si la première fois il avait obtenu sa charge illégitimement ou s’il fut la victime d’intrigues. Cela ne sera clair qu’au Jugement dernier…

 

Pourquoi j’ai raconté ce cas en détail : Il montre nombre de choses typiques sur les appels en justice à cette époque et sur la personnalité de Bernard et d’Eugène :

·        Comme Bernard lui-même l’indique dans ce chapitre, il était extrêmement difficile     de trancher un cas à Rome : Vu la distance, il y avait rarement des témoignages accessibles ; la plupart du temps, seulement un des partis était représenté. Aussi aucune prise de position objective ne pouvait être espérée.

·        Eugène eut visiblement la grandeur de conserver sa liberté face aux pressions de ses cardinaux et à l’influence de saint Bernard et de prendre ses décisions en tenant compte des preuves et suivant sa conscience.

·        La ténacité passionnée de Bernard dans son engagement pour ce qui était le droit et la vérité selon ses convictions était d’un côté sa force, parce qu’il réussit souvent de cette façon à faire valoir le droit dans des cas très difficiles. En même temps là se trouvait également une de ses faiblesses, encore renforcée par le fait que sa pensée reposait le plus souvent sur des ouï-dire (Question en retour : quelle autre possibilité aurait-il eu à sa portée ?) Quand il s’en prenait à quelqu’un, il n’était pas vraiment délicat ni dans son opposition, ni dans le choix de ses mots, comme on le voit rapidement à la lecture de sa correspondance concernant cet archevêque de York…

 

 

2c) Les exemptions (III, 14-18 ; p. 82-88)

 

Peut-être quelque lecteur sera surpris de lire à cet endroit des paroles énergiques de Bernard contre l’exemption, d’autant plus s’il sait que précisément à cette époque le jeune ordre cistercien  combattait pour son exemption partielle et attachait un grand prix à ce que la Charte de charité soit respectée face aux prétentions des évêques. Pour expliquer cela, il faut dire clairement que Bernard était d’un avis un peu différent avec ses plaintes contre les « tentatives d’indépendance » de maints supérieurs sur ce qui était important pour les Cisterciens. Il ne critiquait pas leur désir de soumettre les monastères en matière de discipline régulière aux pères immédiats au lieu des évêques diocésains, puisque les premiers étaient plus compétents sur ces questions. Pour lui il s’agissait de la tentative de maints dignitaires ecclésiastiques d’échapper au supérieur local pour se soumettre directement à Rome soi-disant par vénération pour la papauté. Cela signifiait pratiquement, comme Bernard le remarque bien à propos, qu’ils pouvaient refuser d’obéir à l’autorité ecclésiastique sans que rien ne se passa puisque Rome était loin… Il voit certainement avec raison que ce danger n’avait pas été perçu toujours clairement à Rome à une époque de centralisation croissante de l’Eglise.

Je voudrais attirer votre attention lors de la lecture de l’argumentation de Bernard sur cette question : Après quelques remarques critiques sur des évêques tentant de tirer profit de leurs diocèses, il donne le principe fondamental de ses réflexions sur l’exemption au début du paragraphe 15 : Prépare-toi à agir par une triple considération : premièrement : est-ce permis ? deuxièmement :  est-ce convenable ? troisièmement : est-ce utile ?

Après ces trois points il examine les tentatives d’exemption dans l’Eglise.

·        Suggestion pour la réflexion : Serait-il bon également pour nous de préparer nos actions par cette triple considération ? Ou bien proposeriez-vous d’autres points ?

 

Dans ce qui suit, je voudrais vous signaler tout particulièrement les paragraphes 17 et  18.

Bernard y fait des réflexions qui ont une résonance très moderne. Pour lui, le primat du Pape, même s’il s’exerce vraiment sur le monde entier, ne signifie en aucun cas que le Pape a partout compétence sur tout de la même manière. Bernard emploie ici avec habileté l’image de l’Eglise comme corps du Christ contre toute simplification et tout arbitraire.

·        Suggestion pour la réflexion : ses pensées pourraient-elles apporter des suggestions en notre temps où nous réfléchissons à nouveau dans le dialogue œcuménique sur l’exercice pratique du ministère de Pierre ?

 

 

Ses pensées sur les dispenses au paragraphe 18 méritent également attention. Nos pères cisterciens étaient très réservés sur les dispenses sur la base des expériences dans le monachisme suivant lesquelles des dispenses continuelles menaient peu à peu à une baisse de niveau et à un éloignement de la Règle. Bernard n’est cependant pas un fanatique : il admet des dispenses, mais il donne en même temps des critères d’après lesquels elles doivent être évaluées.

·        Etes-vous d’accord avec ses réflexions ?

·        Si vous voulez approfondir plus précisément ce point intéressant, vous pouvez lire le paragraphe II, 5 dans le traité  Du précepte et de la dispense de Bernard (SBO III, p. 257) et le chapitre III, 35, 95 du  Miroir de la charité d’Aelred de Rievaulx (CCM I, p. 151 ; VM 27, p. 251-253). Aelred était lui aussi critique sur ce point.

·        Que pouvons-nous tirer des réflexions de Bernard et d’Aelred concernant les exceptions et les dispenses dans nos monastères ?

Par ailleurs il y a à la base des réflexions sur les dispenses  dans le texte latin du De consideratione un jeu de mot qui se laisse rendre également en français :  dispensator est un administrateur, un dispensateur, également dans la Bible, et dispensare l’exercice de sa charge, et également « accorder des dispenses. » Pour cette raison la question de la page 88 en haut « tu me défends d’agir en dispensateur ? » est  ambiguë, car elle signifie également « tu le défends d’exercer ma charge ? » et ressemble à une indignation.

4)      Considère la manière dont les prescriptions du Siège apostolique sont observées dans toute l’Eglise (III, 19-20 ; p. 88-91)

Bernard présente ses explications de façon humoristique et distrayante, même s’il s’agit en partie de choses très sérieuses. Cela laisse songeur de constater que ni les argumentations de Bernard, ni ses actions avec l’engagement total de sa personnalité, ni les efforts d’Eugène et d’autres saints papes et évêques ne produisirent quelque chose pendant des siècles dans la plupart des points abordés ici. Ils obtinrent tout au plus un succès limité dans l’espace et le temps. La plupart de ces plaies de l’Eglise, telles que l’indignité de candidats aux ordres, l’attribution de charges ecclésiastiques à des laïcs etc. subsistèrent comme des blessures ouvertes jusqu’au bouleversement de la Révolution française. Ce fait invite à réfléchir sur les conditions à remplir pour que des exigences claires et raisonnables  de la discipline ecclésiastique puissent être mises en pratique…

 

A la fin du troisième livre j’ai feuilleté, lors de ma préparation, encore une fois toutes les pages et j’ai réfléchi sur le rôle des citations de l’Ecriture. Il est  manifeste que peu de textes de l’Ecriture sont cités puisqu’il s’agit plutôt de questions pratiques. Cependant à des endroits précis et stratégiques apparaît toujours une citation significative tout à fait concrète,  jetant une lumière parfois sur tout un chapitre. Si vous pouvez vérifier cela, vous pourrez aussi chercher une réponse à la question de savoir quel but poursuit Bernard avec ce procédé, car lui aussi avait sûrement ses idées sur la question…