10,1
1) Les premières moniales
cisterciennes
Dès
les origines de l'Eglise, on rencontre des vierges consacrées à Dieu. Plus
tard, c'est en Angleterre, vers 630, qu'on trouve le premier monastère de
moniales suivant plus ou moins la RB. Il a existé aussi des monastères doubles.[1]
Le
XIème est aussi pour elles un siècle de réforme, grâce à quelques abbesses ;
les fondations ou restaurations d'abbayes vont être de plus en plus nombreuses
(jusqu'à amener le grand siècle des moniales, le XIIIème).
On
peut expliquer en partie le phénomène, outre le souffle de l'Esprit Saint ! :
les femmes se réunissaient pendant l'absence de leurs maris ou parents croisés,
et priaient pour eux. Beaucoup de chevaliers se firent moines à leur
retour...et il fallait songer à caser filles et épouses - qui trouvèrent
difficilement à se marier au Moyen-Age. On disait à l'époque: "Il faut à la femme un mari ou un
mur". C'est aussi l'époque où la conception de l'amour de Dieu,
gratuit et réciproque, se renouvelle, et le langage de l'amour courtois devient
langage de l'amour divin.
Dès
le commencement de Molesme, Robert avait constitué un monastère de moniales
soumis à Molesme, où vivaient les épouses de ceux qui rentraient comme moines à
Molesme. En 1112, la question se repose, car les femmes affluent (NB : et en
1113, c'est l'entrée de Bernard et de ses 30 compagnons, qui avaient laissé
dans le monde épouses et soeurs, désireuses elles aussi d'embrasser la vie
religieuse). Il fallut donc songer à un transfert.
En
1113, elles sont installées à Jully (près de Semur) dans un château aménagé
pour elles à cet effet. L'organisation est clunisienne, mais l'observance, très
austère, se rapproche de Cîteaux. La première prieure est Elisabeth,
belle-soeur de Bernard, puis en 1128, Hombeline, sa soeur. Il y aura vite
beaucoup de fondations.
Mais
entre 1120 et 1125, l'évêque de Langres et l'abbé de Cîteaux (c'est donc une
nouvelle oeuvre d'Etienne) chargent une moniale du nom d'Elisabeth (il semble que ce soit la fille d'Elisabeth de Vergy,
grande bienfaitrice de Cîteaux) de fonder la première abbaye de moniales
cisterciennes: ND du Tart (sous le
vocable de l'Assomption) au canton de Genlis, à 4 lieues de Cîteaux, en pleine
forêt - c'est ce qui a donné naissance au village de Tart l'Abbaye.
10,2
L'abbaye a beaucoup
de terres, des vignes, sans doute un gros élevage de pigeons, un moulin qui
permet de faire le pain, et même une tuilerie; l'abbaye devient célèbre et
reçoit beaucoup de dons. Elle a aussi de célèbres recrues, comme Alix de Saxe
(soeur de l'empereur Lothaire II) et Adélaïde, duchesse de Lorraine.[2]
Au début, l'Ordre
refuse de prendre soin des monastères de moniales ; les abbés se bornent à leur
donner, outre l'aide matérielle, leur appui moral, à l'exclusion de la
direction spirituelle régulière. Mais l’incorporation des Congrégations de
Savigny et d’Obazine en 1147 pose un problème à Cîteaux, puisque ces monastères
avaient des monastères de moniales affiliés. Force est donc faite finalement
aux abbés cisterciens de s'occuper aussi des moniales ; dans cette
logique, le Tart est reconnu comme fondation de Cîteaux. Les moniales ont pour
Père l'abbé qui les a fondées, mais le Tart est la maison-mère de tous les
monastères issus d'elle, et l’abbesse exerce son droit de visite.
Morimond,
Pontigny et Clairvaux donnent aussi naissance à des monastères féminins
(Montreuil sous Laon par Clairvaux), qui - essaiment à leur tour ; le Tart, par
exemple, fonde dès 1127 et eut jusqu'à 18 filles[3].
Il y a aussi des maisons qui s'affilient au Tart ; certaines suivent de près
les coutumes de Cîteaux, d'autres pour un temps seulement, mais toutes gardent
le même principe de filiation qu'à Cîteaux.
C'est
d'Espagne que vient une première
organisation plus nette : le Roi Alphonse VIII de Castille veut un grand
monastère qui soit lieu de sépulture de la famille royale. Plusieurs couvents
de moniales cisterciennes existent déjà, mais on fonde en 1187 ste Marie la
Royale (= Las Huelgas)[4].
Le roi désire que toutes les autres abbesses reconnaissent cette abbaye comme
leur maison-mère et s'y réunissent chaque année au Chapitre (la date en sera à
la st Martin).
Ceci est approuvé par
l'abbé de Cîteaux, mais c'est contre l'obéissance au lien traditionnel
cistercien de filiation : le chapitre féminin d'Espagne est donc, la première
fois, interrompu, car 2 abbesses refusent de se plier à cette nouvelle façon.
Finalement, leur vraie abbesse-mère les invita à "se rendre" à Las
Huelgas.
10,3
En France, les
abbesses commencent alors à se réunir aussi au Tart en Chapitre[5]. Sous
l'abbé de Cîteaux Guy II, on sait que tous les ans, 18 abbesses se réunissent
en Chapitre à la st Michel (29 septembre) à Cîteaux (après le CG des abbés qui
commence à la Croix Glorieuse), sous la présidence de son abbé, que toutes
reconnaissent comme leur supérieur.
Outre les 18
filiations du Tart, il y a 38 autres maisons de cisterciennes à la fin du
XIIème, ou qui vivent du moins selon les us de l'Ordre; de même 25 en
Grande-Bretagne, 16 en Allemagne et 6 en Suède.
2) Le XIIIème siècle
Dès
le début du XIIIème, le CG est assailli de demandes de fondations ou
d'affiliations[6] de moniales,
venant de partout - la toute première incorporation de moniales à l'Ordre
semble être st Thomas sur la Kill, en 1170. On pense que l’admiration de st
Bernard pour Hildegarde de Bingen a pu jouer aussi dans l’évolution des
rapports entre moines cisterciens et moniales[7].
Mais n’empêche,
devant l’affluence des demandes, la branche masculine essaie de se
défendre...en renforçant par exemple la clôture, au CG de 1213 : maintenant,
pour sortir, elles ont besoin de l'autorisation du Père Immédiat ; et dès 1231
on parle de grilles au parloir, et Boniface VIII en 1298 empruntera cette loi
pour en faire la loi générale de l'Eglise. Notons ce mouvement d’évolution de
la clôture : jusqu'au XIème, l'évêque est responsable de la clôture des
moniales. Il y a changement avec le renouveau monastique : ce sont désormais
les fondateurs qui sont responsables, et pour Cîteaux, au début le commandement
de l'abbesse suffisait - les premières cisterciennes sortaient pour défricher.
Le durcissement de la clôture entraîne un changement
pour la vie des soeurs[8]:
durant le XIIème, elles pouvaient sortir pour le travail des champs. Maintenant
elles doivent s'adonner à d'autres travaux, tels la confection d'ornements
d'église, de vêtements ecclésiastiques, la copie et l'enluminure de manuscrits;
nous reparlerons plus loin des frères convers réservés aux moniales pour les
gros travaux; il semble aussi qu'elles s'occupent de l'instruction d'enfants
(de filles seulement), mais au Tart par exemple, il n'y a pas trace d'école à
l'abbaye. A part cette différence pour le travail manuel, la vie des moniales
est la même que celle des moines, ainsi que l'habit (sauf le capuce).
Mais durcir la
clôture n'arrête pas la fécondité ! Dès 1220, le CG en arrive à interdire toute
fondation ou affiliation (en fait, l’interdiction ne sera respectée qu’à partir
de 1251).
10,4
En effet, si les
soeurs ne peuvent plus sortir, l’abbé doit veiller à ce qu’elles aient de quoi
vivre ; il doit aussi faire les visites régulières à la place des
abbesses !, présider aux professions, aux élections et assister aux
Chapitres des moniales. Il doit par ailleurs leur fournir aumôniers,
confesseurs, procureurs et frères convers ! (et on sait que leur
recrutement diminue au XIIIème)...et les aider au niveau financier si besoin.
Tout cela augmentait considérablement sa charge. On se retrouve donc devant de
nombreux monastères féminins qui suivent les observances de Cîteaux, mais sans
relever de sa juridiction[9].
Au cours du XIIIème,
on arrive à un arrangement un peu spécial : les abbayes de moines
reçoivent au noviciat des clercs et des prêtres prêts à se mettre au service
des moniales ; ils font leur noviciat chez les moines, mais prononcent
leurs voeux chez les moniales en présence de l’abbesse, et lui promettent
obéissance[10]. Les
abbesses purent même admettre directement des frères convers, qui faisaient
profession entre leurs mains ; quand il fut vraiment impossible de trouver
des convers, elles employèrent des séculiers avec le statut de familiers. Il y
a aussi bien sûr des soeurs converses.
La
première moitié du XIIIème est donc marquée par une extraordinaire efflorescence de la vie cistercienne
féminine[11]; on peut
dire que le XIIIème est le grand siècle des moniales; il y eut plus de
monastères de femmes que d'hommes : environ 900 contre 700[12].
Pourquoi
une telle floraison ? L'Esprit Saint y est sans doute pour quelque chose ! mais
aussi st Bernard, beaucoup lu (Aelred et Gilbert en Angleterre). Un facteur
permet d’expliquer en partie cet afflux : à partir de 1198, les Prémontrés
s’interdisent tout monastère double et toute incorporation ; du coup, les
moniales se tournent davantage vers l’Ordre de Cîteaux. Cela peut aussi
s'expliquer par le fait que l'organisation de l'Ordre offre aux moniales des
avantages incomparables : rattachées à ce vaste corps, elles ne sont plus
abandonnées à elles-mêmes, comme souvent aux siècles précédents (le Père
Immédiat leur donne un moine confesseur, des chapelains et des frères convers).
A l’époque, le couvent est par ailleurs souvent le seul lieu où une fille peut
recevoir une éducation élevée en matière de connaissances. En outre, au
Moyen-Age, on mettait facilement au couvent les veuves et les vieilles filles,
surtout des classes supérieures de la société.
10,5
Et puis il y a le
fait de nombreux seigneurs, désireux de se constituer des asiles de prière, où
ils placent leurs filles...ou qui ont des visées économiques ou politiques! -
nous avons parlé de Las Huelgas, fondation royale en Espagne, mais il y a aussi
ND la Royale à Maubuisson, par Blanche de Castille en 1236, et le fameux
Port-Royal, cistercien à l’origine, avant ses déviations jansénistes[13].
Dans ces monastères royaux, seules étaient admises des personnes de la haute
société, et le titre d’abbesse était réservé aux princesses royales...
Au
XIIIème, la vie spirituelle des monastères est intense, elle attire aussi des
vocations authentiques, il faut donc fonder; d'autant plus qu'ayant moins de
moyens, les monastères de moniales sont plus petits que ceux des moines,
exception faite des fondations royales.
3) Quelques figures[14]
Pour illustrer cette ferveur
spirituelle, regardons 3 de ces moniales:
¨Ste Lutgarde (1182-1246)
Elle
est née à Tongres, dans les Flandres, d'une famille bourgeoise. Vers 12 ans, on
la confie aux Bénédictines de st-Trond pour son éducation. C'est quelqu'un de
très attrayant et même de séduisant, d'où quelques aventures romanesques
pendant sa vie de pensionnaire (tentatives d'enlèvement...!)
Mais
à 15 ans, le Christ lui apparaît, lui montrant la plaie de son côté et lui
disant:
"Ne recherche plus désormais les plaisirs flatteurs
d'un amour vain. Vois ici et contemple toujours ce que tu dois aimer et
pourquoi tu dois l'aimer. Ici, je te promets les plus pures délices."
C'est le point
de départ d'une vraie conversion, d'une orientation définitive vers le Christ:
première grâce mystique suivie de beaucoup d'autres (visions...). Elle choisit
alors le Christ pour une amitié sans faille, et en même temps, manifeste un
grand amour et dévouement pour le prochain. Peu après, elle fait profession
dans ce monastère de ste Catherine; à 23 ans, elle est élue prieure!
Mais
le monastère vit dans un certain relâchement. Son conseiller spirituel l'incite
à demander son admission chez les Cisterciennes d'Aywières. Elle y entre,
incognito en 1206 et y reste jusqu'à sa mort. Elle est frappée de cécité les 6
dernières années de sa vie. Elle n'a laissé aucun écrit, mais sa biographie est
rédigée par Thomas de Cantimpré, Dominicain (à cette époque, il y a beaucoup de liens entre les frères
prêcheurs et l'Ordre cistercien); il y eut aussi une profonde amitié entre
Lutgarde et Jourdain de Saxe, premier successeur de Dominique et lui-même,
Jourdain, l’appelait "mère et
nourrice des frères prêcheurs".
10,6
C'est un amour
ardent pour le Seigneur Jésus qui devient la richesse de toute sa vie. Elle
hérite de l'école bénédictine le goût de la liturgie,
qui est le sol nourricier de sa vie spirituelle; elle vit le mystère chrétien à
travers la célébration de la Parole et des sacrements. Après l'office, elle
retient l'un ou l'autre texte pour le ruminer et prolonger sa prière. St
Bernard lui donne le sens de l'ascèse austère et la douceur de son amour
imprégné d'humilité. En matière d'ascèse, par 2 fois elle entreprend, sous la
motion de l'Esprit, un jeûne de 7 ans
pour l'Eglise déchirée par l'hérésie albigeoise; le troisième jeûne est
interrompu par sa mort, le 16 juin 1246.
¨Gertrude
[15]
Nous
ne pouvons parler de toutes les grandes cisterciennes du XIIIème, ni même de
toutes celles qui ont écrit, comme Béatrice de Nazareth.
Evoquons la plus grande sans doute: Gertrude de Helfta (= Gertrude la Grande,
1256-1302).
Elle
est née le 6 janvier 1256; on ne sait rien de sa famille. A 5 ans, elle est
confiée au monastère d'Helfta, en Allemagne, monastère qui suit les coutumes de
Cîteaux sans être sous la juridiction cistercienne. Elle y passera toute sa vie
et y mourra à 45 ans.
On
peut voir 2 nettes périodes dans sa vie :
Þ avant 1281 : dès sa prime jeunesse, elle se livre à l'étude des
questions théologiques - on trouvera dans ses écrits une assise théologique
très sûre; elle reçoit une très bonne culture et devient érudite. Elle est
seconde chantre, et travaille aussi à la copie des manuscrits.
Þ le 27 janvier 1281, (elle a 25 ans), elle reçoit une vision du
Christ. Elle comprend que Dieu seul peut combler et rassasier pleinement son
âme, et se tourne totalement vers la vie d'union
au Christ. Ses nombreuses maladies lui donneront d'ailleurs de plus en plus
le loisir de vaquer à Dieu...
Se
jugeant indigne de ces grâces de vie intérieure, elle pense qu'elle a un message à transmettre. Elle a beaucoup
écrit - en allemand il ne nous en reste plus rien; en latin: nous avons les Exercices
spirituels, ensemble de méditations qui se présente comme un petit traité
de vie spirituelle; le Héraut de l'Amour divin (seul le tome II est
d'elle, les autres sont rédigés par d'autres moniales d'Helfta). C'est
peut-être elle aussi qui a écrit le Livre des révélations de ste
Mechtilde - elles se confiaient l'une à l'autre leurs expériences mystiques.
Les
sources de la spiritualité de Gertrude sont très fortement la liturgie [16]
(et spécialement l'Eucharistie -
notons que les moniales d'Helfta ont joué un rôle important dans le
développement du culte du Sacré Coeur, dérivant de leur piété eucharistique.
Pour elles, la
célébration de l'Eucharistie est comme la contraction d'un mariage. C'est à ce
moment aussi qu'on commence à montrer le pain consacré et qu'on fait sonner les
cloches à l'élévation) et l'Ecriture
, mais aussi RB et st Bernard.
10,7
Sa doctrine
est très christocentrique; sa recherche de connaissance et d'amour de Dieu est
toute commandée par une vie d'union totale et intime au Verbe incarné.
¨
Mechtilde de
Hackeborn (1241-1299)
NB:
à Helfta, il y a 2 Gertrude et 2 Mechtilde:
·
Gertrude de
Hackeborn: abbesse pendant environ 40 ans
·
Mechtilde de
Hackeborn est sa soeur de sang
·
Gertrude
d'Helfta (nous ne connaissons pas son nom de famille), la Grande; elle fut
formée par Mechtilde
·
Mechtilde de
Magdebourg, qui a écrit La lumière de la divinité
Mechtilde
est née dans une famille noble. A 7 ans, ses parents la confient à un monastère
de cisterciennes où se trouve déjà sa soeur Gertrude. Elle y devient maîtresse
d'études et chantre; c'est elle qui s'occupe de l'éducation de Gertrude la
Grande, dont elle devient la confidente et l'amie intime.
Elle
passe toute sa vie au monastère avec grande ferveur et discrétion; ce n'est
qu'après 50 ans, tombant gravement malade, qu'elle commence à révéler ses
grâces par écrit, quelques années avant sa mort. Gertrude nous parle beaucoup
d'elle dans Le livre de la grâce spéciale, à elle consacrée, et aussi
dans Le héraut de l'amour divin.
Sa
caractéristique première est la louange
divine. Elle contemple plutôt le Christ glorieux
que le Christ souffrant, et sa dévotion au Coeur du Christ y voit le symbole
d'un amour triomphant et lumineux. Sa spiritualité est trinitaire, christologique et ecclésiologique, avec une conscience
aiguë de la communion des saints.
La
spiritualité qui se dégage de ces écrits hagiographiques peut donner une idée
de la vie intérieure des moniales cisterciennes du XIIIème et de leur ferveur;
voici un bref résumé des notes caractéristiques de cette spiritualité:
à
désir d'une
vie pauvre, en même temps que la
possibilité offerte par la vie cistercienne d'un contact intime avec le Christ, spécialement grâce à la réception fréquente
de l’Eucharistie
à
une grande
ferveur par rapport à l'Office divin,
à toute la vie liturgique, en même temps qu'une dévotion profonde envers la
Trinité
à
un esprit d'apostolat qui stimule leur générosité,
tant par la prière d'intercession que par les jeûnes et les austérités.
Somme
toute, une spiritualité très équilibrée, tout à fait apte à nous animer intérieurement
au seuil du ...XXIème siècle.
– – –
Questions
possibles
·
Lire
Collectanea 1996 p.81 et p.88-91 sur Las Huelgas
·
Lire dans Sr
Marie-Pascale, Initiation à ste Gertrude : Introduction et chapitre
1 sur la conversion
·
Lire dans
Quenardel, La communion eucharistique dans Le
Héraut : intro p.7-12 et conclusion p.149-154
·
Lire
Collectanea tome 58 p.318 et suivantes sur la vie et la personnalité de ste
Lutgarde
[1] En 1096 naît Fontevraud; PERNOUD, La femme au temps des cathédrales p.131-135 en donne une présentation intéressante
[2] Evolution du Tart :
Petit à petit, Cîteaux a de plus en plus d'importance sur la
législation du Tart; en 1218, Cîteaux impose la clôture très stricte au Tart.
Ce qui pose le problème de la subsistance; du coup : moitié XIIIème, il y a 2
catégories de soeurs: les unes soumises à l'Ordre, et les autres à l'évêque.
Après les 4 premiers siècles, l'abbaye connaît la décadence, à cause des
désordres de la guerre de Cent ans, de la misère qui pousse les soeurs à sortir
pour mendier, et au luxe apporté par les filles sans vocation, mises là
d'office par leurs parents (cf. p.20). Elle est réformée par une de ses
abbesses, Madame de Pourlan (abbesse
en 1617), non sans difficultés, aidée par l'évêque de Langres, Mgr Sébastien
Zamet. Finalement, on ne trouve qu'une solution: faire transférer à Dijon
celles qui acceptent la réforme, en 1623. En 1636 l'abbaye est ruinée par une
colonie en déroute. Puis plusieurs soeurs du Tart rentrent chez leurs parents,
se repentent et rentrent à l'abbaye réformée de Dijon.
En 1790, quand l'abbaye est séquestrée, il y a encore 31
soeurs, qui soit rentrent dans leurs familles, soit partent à l'étranger.
En 1816 elles reviennent à Forges près de la Trappe, où elles
se regroupent (cf. cours 18 sur la Révolution).
[3] cf. Jean de la Croix BOUTON I p.53 et
dans le livre sur le Tart p.17. Carte p.5 de ce même livre
[4] cf article dans Collectanea 1988 p.307
sur L’abbaye royale de Las Huelgas et la
juridiction de ses abbesses et le résumé dans Bulletin d’Histoire
Cistercienne 2,127
Depuis 1991, Las Huelgas est "Congrégation cistercienne
de st Bernard", avec des liens juridiques, et surtout spirituels, avec
l'OCSO (cf. Collectanea 1996 p.80;TB!)
On parle, dans l'histoire de Las Huelgas, d'abbesses
mitrées...(cf. BOUTON III p.104 fin). L’abbesse était normalement une princesse
royale : d’où ses privilèges plutôt étonnants comme : bénir les
professes, prêcher, entendre en confession (abus stoppés en 1210 par Innocent
III).
Il y avait, sur le territoire du monastère, 64 communes, sur lesquelles l’abbesse avait la juridiction.
[5] Il semble que cela s’arrête à la fin du XIVème siècle
[6] La liste se trouve dans BOUTON I p.72;
il y est question des extrémités de l'Europe, de Suède, de Chypre (2 monastères
de moniales), de Palestine. Avant 1221, il y a le monastère de Ysostris à
Constantinople ; les moniales de ce monastère iront à Naples après la chute de
l'empire latin.
[7] On sait qu’en 1194, des moniales sont venues à Cîteaux pour la fête de la Dédicace et qu’elles ont chanté l’office avec les moines. En 1220, à Savigny, idem, et les soeurs prennent leur repas au réfectoire avec les moines...
[8] Cf. article espagnol : Piquer, La clausura de las monjas ; elle explique bien la transition après le XIIIème siècle ; ma recension est dans BSM XIV,609 [295]
[9] cf. BOUTON I p.59
[10] Ceci dura
jusqu’au Concile de Trente.
[11] Notons un très grand mouvement, dans
le Brabant entre autres, avec les "mulieres religiosae", les béguines,
dont l'épanouissement se situe entre 1180 et 1270
[12] cf. BOUTON I p.84; il est difficile de
chiffrer, en raison de nombreux transferts, de changements de nom:
Allemagne:
300 abbayes GB: 30 Ecosse: 6 |
France: 200 Belgique: 57 |
Espagne,Pays-Bas,Italie:
70 Portugal,Pays scandinaves: 10 |
En Hongrie, Körmend est incorporé en 1240
[13] cf. cours 16
[14] Pour des représentations de moniales dans l’art cf. James FRANCE, The Cistercians in medieval art : n°17 à 19 (après la p.118) et p.140+
[15] Sur Lutgarde et Gertrude, cf.
l’article de Kándida SARATXAGA dans les Actes du congrès d’Avila sur la
mystique cistercienne p.203-233 (en espagnol) et ma recension dans BSM XIV,1158[523]
[16] cf. Liturgie n°74 p.228-255 et Bulletin d’Histoire Cistercienne 4,2837