Grâce-Dieu (en France par Val-Sainte-Marie; 1845)

En l'année 1817, D. Eugène Huvelin, moine de Sept-Fons, racheta l'antique monastère de Bellevaux des héritiers du général Pichegru, dans le dessein de s'y établir avec quelques uns de ses anciens confrères et d'y faire revivre la Réforme de Sept-Fons. Il meurt en 1828 ne laissant personne qui pût continuer son oeuvre. Désirant malgré tout maintenir l'existence de leur monastère les religieux décidèrent d'embrasser la Réforme de la Trappe pourvu qu'on leur envoya quelques religieux pour les former à ses observances. Ils en référèrent à Mgr de Rohan, archevêque de Besançon, lequel écrivit dans ce but à D. Germain Gillon, abbé du Gard.

D. Germain envoya 3 religieux de choeur et 3 convers. Mgr de Rohan voulait aller les installer lui-même, le 7 juillet 1830. Mais soudain éclata la Révolution qui fut un coup de foudre pour Bellevaux. La maison échappa au pillage et à l'incendie mais les religieux furent contraints de s'exiler. Ils de dirigèrent vers la Suisse, espérant réoccuper le monastère de la Val-Sainte. Sur le refus des autorités du canton de Fribourg, ils se retirèrent dans le canton de Valais où ils prirent possession du couvent des Carmes de Géronde le 7 juillet 1831. Après trois ans d'exil les moines rentrèrent en Franche-Comté où D. Jérôme, supérieur depuis le départ de Dom Stanislas, venait de faire l'acquisition d'un petit domaine dans le canton d'Amancey à six lieues sud de Besançon, et qu'ils nommèrent Val Ste Marie. Etant données les difficultés venant de l'exiguité du domaine et de l'état des bâtiments, Mgr Matthieu, archevêque de Besançon, proposa aux trappistes de reprendre l'antique abbaye de la Grâce-Dieu, près d'être vendue par la justice par expropriation forcée sur ses derniers maîtres. Sur la diligence de ses délégués, la vente fût en effet consentie et l'adjudication définitive donnée le 14 novembre 1844. Des oppositions s'étant manifestées et une surenchère ayant eu lieu, on ne put prendre possession d'une partie seulement des bâtiments au mois de mars 1845, 53 ans après la première vente faite au mois d'avril 1792, 705 ans après sa fondation que l'on fait remonter jusqu'en 1139. Vers la fin de 1849 les trappistes quittent définitivement le Val-Ste-Marie pour venir rejoindre leurs frères de la Grâce-Dieu.

L'église du monastère fut bénite par le R.P.D. Benoît Michel le 29 septembre 1849 et consacrée solennellement le 29 septembre 1865 par son Em. le Cardinal Matthieu.

En octobre 1861 une colonie de moines prend possession du monastère de Tamié.

Le 6 novembre 1880 la communauté fut expulsée manu militari et s'en alla chercher refuge en Autriche. En 1888 (7 nov) elle y fonda le monastère de la Providence de Neudorf en Carniole (Autriche) qu'ils ont dû quitter en avril 1885.

L'abbaye de la Grâce-Dieu prospéra sous les abbés qui successivement en eurent la direction, avec la dignité abbatiale. Mais hélas! la prospérité matérielle n'allait pas de pair avec la prospérité spirituelle et un jour vint où il fallut songer à vendre le domaine. C'était en 1908. Le cardinal Dubillard, archev. de Chambéry, informé de la situation offrit à ses compatriotes l'abbaye d'Hautecombe. Le chapitre général approuva le projet et sûre du succès de l'affaire qui se traitait à Rome, la communauté de la Grâce-Dieu se hâta de profiter d'une occasion favorable pour vendre ses biens et payer ses dettes. Elle vint ensuite rejoindre la petite communauté de Tamié, et s'y établit provisoirement, en attendant de pouvoir s'installer de façon définitive à Hautecombe. Malheureusement la réalité ne répondit pas au rêve caressé: l'affaire de la translation à Hautecombe échoua en cour de Rome et les moines de la Grâce-Dieu durent rester à Tamié.


Un bref, du 7 février 1911, régularisa la situation, transféra canoniquement à Tamié l'abbaye de Grâce-Dieu avec tous ses droits et privilèges et autorisa le supérieur à prendre désormais le titre d'abbé de Tamié.