Saint Vincent
d'Asie (par Aiguebelle; 1848-1850)
Les événements de février 1848 avaient
fait craindre une nouvelle persécution et le R:P: Dom Orsise, abbé d'Aiguebelle,
s'employa à prévoir un refuge pour sa nombreuse communauté, qui comptait alors
180 personnes.
Il songea à l'Orient et se mit en rapport
avec le Supérieur Général des Lazaristes, qui lui proposa une propriété dans
la banlieue de Constantinople, à 8 ou 10 kilomètres de la ville, où on avait
groupé des esclaves polonais rachetés et d'autres convertis.
Le P. Bonnieu, lazariste, vint à Aiguebelle
le 19 août et fit un tableau merveilleux de la situation : température
idéale, terrain très productif, débouché pour les produits, maison pour 15 personnes.
On accepte en principe. Mgr de Valence consulté est réticent mais ne voit pas
d'inconvénient à envoyer quelques religieux pour se rendre compte.
Dès la fin du mois, trois religieux
quittaient Aiguebelle : P. Joseph Morel, supérieur, P. Jean de Dieu Vergez
et F. Jude Ridette. Une déception les attendait : ce n'était pas le paradis
annoncé, mais un terrain montagneux, à six heures, à pied, de la ville, difficultés
de transport, rapines des gens...
Pourtant, en 1849, on envoya, en deux
groupes, 10 convers. Mais les fièvres apparurent et le supérieur, qui n'était
pas prêtre, en fut la première victime. Des divisions se mirent dans la communauté.
Et Dom Orsise, voyant que la fondation
n'était pas viable, et que d'autre part, la révolution de 1848 ne se montrait
pas anti-religieuse, se décida à faire rentrer les religieux. La maison était
abandonnée fin 1850.